Fiche pratique

Plainte avec constitution de partie civile

Vérifié le 09/04/2020 - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre)

La plainte avec constitution de partie civile permet Ă  la victime d'une infraction de demander l'ouverture d'une enquĂȘte dirigĂ©e par un juge d'instruction. Cette enquĂȘte est une information judiciaire. La plainte avec constitution de partie civile est soumise Ă  certaines conditions (plainte simple prĂ©alable par exemple). C'est le juge d'instruction qui dĂ©cide de lancer ou non l'enquĂȘte, aprĂšs avoir demandĂ© son avis au procureur de la RĂ©publique. La victime ne peut pas l'imposer au juge.

Une plainte avec constitution de partie civile permet à une victime d'infraction de lancer l'action publique. L'action publique, c'est la procédure en justice qui permet, si elle aboutit, de condamner l'auteur de l'infraction à une peine.

La plainte avec constitution de partie civile est une premiĂšre Ă©tape de la procĂ©dure pĂ©nale qui ne garantit pas la condamnation d'un suspect par un tribunal. Elle permet de dĂ©clencher une enquĂȘte dirigĂ©e par un juge d'instruction, on parle d'une information judiciaire. Si Ă  l'issue de l'enquĂȘte, le juge d'instruction dĂ©cide que l'auteur de l'infraction doit ĂȘtre jugĂ© par le tribunal, la victime peut demander des dommages-intĂ©rĂȘts pour rĂ©parer son prĂ©judice.

La plainte avec constitution de partie civile ne doit pas ĂȘtre confondue avec la plainte simple. La plainte simple permet Ă  une victime de signaler au procureur de la RĂ©publique une infraction sans se constituer partie civile. Dans ce cas, un juge d'instruction est rarement saisi par le procureur.

Le dépÎt d'une plainte simple est obligatoire avant de déposer une plainte avec constitution de partie civile, sauf pour certaines infractions.

Pour dĂ©poser une plainte avec constitution de partie civile, il faut ĂȘtre victime d'une infraction, c'est-Ă -dire avoir subi un prĂ©judice. Il faut aussi justifier qu'une plainte simple n'a pas abouti. Pour certaines infractions, cette plainte prĂ©alable n'est pas nĂ©cessaire.

Être victime

Pour déposer une plainte avec constitution de partie civile, le plaignant doit avoir personnellement subi un préjudice causé par l'infraction.

Ce prĂ©judice peut ĂȘtre une blessure, une maladie, la perte d'une somme d'argent, la mort d'un proche, ...

Pour déposer une plainte avec constitution de partie civile, la victime doit avoir personnellement subi un préjudice causé par l'infraction poursuivie.

Ce prĂ©judice peut ĂȘtre une blessure, une maladie, un vol...

Cependant, un mineur ne peut pas déposer la plainte seul, ses parents ou son représentant légal doivent le faire en son nom et pour le préjudice subi par le mineur.

Avoir porté plainte

Dans certains cas, un plaignant peut directement dĂ©poser une plainte avec constitution de partie civile sans avoir Ă  faire une plainte simple. Le plaignant doit ĂȘtre victime d'un crime, d'un dĂ©lit de presse (injure, diffamation...) ou d'une infraction au code Ă©lectoral.

 Ă€ noter

il n'est pas possible de déposer une plainte avec constitution de partie civile pour une contravention.

Dans les autres cas, le plaignant doit toujours avoir dĂ©posĂ© une plainte simple pour les mĂȘmes faits avant de pouvoir faire une plainte avec constitution de partie civile.

La plainte avec constitution de partie civile devient possible dans les cas suivants :

  • La plainte simple est classĂ©e sans suite
  • La plainte simple a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e auprĂšs du procureur depuis 3 mois sans qu'aucune suite n'ait Ă©tĂ© donnĂ©e
  • La copie de la plainte simple dĂ©posĂ©e auprĂšs d'un service de police ou de gendarmerie a Ă©tĂ© transmise au procureur de la RĂ©publique depuis 3 mois et aucune suite n'a Ă©tĂ© donnĂ©e

Le plaignant doit justifier que sa plainte simple n'a pas abouti avec un des documents suivants :

  • Avis de classement sans suite, c'est-Ă -dire un courrier du procureur de la RĂ©publique indiquant son refus d'engager des poursuites
  • Preuve datĂ©e du dĂ©pĂŽt de plainte, c'est-Ă -dire le rĂ©cĂ©pissĂ© en cas de dĂ©pĂŽt directement au tribunal (ou l'accusĂ© de rĂ©ception en cas d'envoi par courrier recommandĂ©)
  • Preuve de la transmission de la copie de la plainte au procureur depuis au moins 3 mois, c'est-Ă -dire le rĂ©cĂ©pissĂ© en cas de dĂ©pĂŽt directement au tribunal (ou l'accusĂ© de rĂ©ception en cas d'envoi par courrier recommandĂ©)

 Ă€ noter

si la victime a demandĂ© des dommages-intĂ©rĂȘts devant un juge civil entre sa plainte simple et sa plainte avec constitution de partie civile, elle doit annuler sa demande avant de saisir le juge d'instruction.

DĂ©pĂŽt de la plainte

Le dépÎt de plainte avec constitution de partie civile se fait par un courrier daté et signé ou par déclaration orale devant le juge d'instruction.

Si la plainte est transmise par courrier, le plaignant doit indiquer les éléments suivants :

  • Sa volontĂ© de porter plainte et de se constituer partie civile
  • Faits dĂ©noncĂ©s pour lesquels elle se considĂšre victime (donner la qualification juridique du dĂ©lit ou du crime n'est pas indispensable)
  • IdentitĂ© de l'auteur prĂ©sumĂ© des faits (sinon la plainte doit ĂȘtre contre X)
  • Adresse en France
  • Informations sur la plainte simple qui n'a pas aboutie (avec les justificatifs)
  • Demande de dommages-intĂ©rĂȘts Ă©ventuelle

ModĂšle de document
Porter plainte avec constitution de partie civile

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Direction de l'information légale et administrative (Dila) - Premier ministre

 Attention :

si la plainte avec constitution de partie civile concerne un délit de presse (injure, diffamation...), le plaignant doit indiquer les infractions et les textes de loi applicables pour les faits qu'il dénonce.

Le courrier est adressé par lettre simple ou par lettre recommandée avec accusé de réception au juge d'instruction du tribunal judiciaire du lieu de l'infraction ou du domicile de l'auteur de l'infraction.

Dans chaque tribunal, un juge d'instruction est chargé de recevoir toutes les plaintes avec constitution de partie civile. Il s'agit généralement du doyen des juges d'instruction, c'est-à-dire le magistrat exerçant depuis le plus longtemps cette fonction.

Il est possible d'ĂȘtre assistĂ© par un avocat.

OĂč s’adresser ?

  À savoir

dÚs que le doyen des juges d'instruction est saisi, un numéro est attribué au dossier, permettant le suivi de la plainte.

DĂ©pĂŽt d'une consignation

AprÚs le dépÎt d'une plainte avec constitution de partie civile, le doyen des juges d'instruction demande au plaignant de verser une somme d'argent appelée consignation. Le juge fixe le montant de cette consignation en fonction des revenus du plaignant.

Le plaignant n'a pas à verser une consignation s'il a obtenu l'aide juridictionnelle pour cette procédure. Il peut également ne pas avoir à verser de consignation sur décision du juge.

La consignation doit ĂȘtre payĂ©e dans un dĂ©lai fixĂ© par le juge. Si ce dĂ©lai n'est pas respectĂ©, la plainte peut ĂȘtre rejetĂ©e.

Cette somme vient garantir le paiement d'une Ă©ventuelle amende prononcĂ©e dans le cas oĂč la plainte s'avĂ©rerait abusive (faits inventĂ©s...). Cette amende est de 15 000 € maximum.

Dans les autres cas, la consignation est rendue Ă  la fin de l'enquĂȘte, qu'il y ait ou non un procĂšs.

Transmission au procureur

La plainte est ensuite transmise par le doyen des juges d'instruction au procureur de la République pour qu'il donne un avis appelé réquisitions.

Avant de prendre ses rĂ©quisitions, le procureur de la RĂ©publique peut demander au juge d'instruction d'auditionner la partie civile et un dĂ©lai de 3 mois pour poursuivre l'enquĂȘte.

Dans ses réquisitions, le procureur de la République peut demander au juge d'instruction :

  • de ne pas prendre en compte la plainte (par exemple, s'il estime que les faits ne constituent pas une infraction),
  • ou d'ouvrir une information judiciaire.

 Ă€ noter

le procureur peut demander au juge de pas prendre en compte la plainte tout en indiquant à la victime qu'elle peut utiliser la procédure de citation directe pour faire convoquer le suspect devant le tribunal.

DĂ©cision du juge d'instruction

Le doyen des juges d'instruction peut décider de suivre ou de ne pas suivre les réquisitions du procureur de la République.

Le juge peut entendre le plaignant de sa propre initiative ou Ă  la demande du procureur.

Si le juge dĂ©cide d'ouvrir une information judiciaire, il dĂ©signe alors le juge d'instruction chargĂ© d'enquĂȘter. Il peut se dĂ©signer lui-mĂȘme.

Si le juge refuse, il prendra une ordonnance de refus d'informer. Tel est le cas si les faits dĂ©noncĂ©s ne sont pas une infraction pĂ©nale ou s'ils ont manifestement pas Ă©tĂ© commis. En cas de refus d'informer, l'enquĂȘte n'est pas lancĂ©e.

Le plaignant peut faire appel de la décision de refus d'informer dans les 10 jours francs suivant la notification de cette décision. L'appel doit se faire par une déclaration auprÚs du greffier du juge d'instruction. Cette déclaration est signée par le greffier et par le plaignant ou son avocat.

C'est la chambre de l'instruction de la cour d'appel qui examine les recours sur les décisions de refus d'informer.

 Ă€ noter

si le juge d'instruction refuse d'ouvrir une information judiciaire, la personne visĂ©e par la plainte peut poursuivre le plaignant pour dĂ©nonciation calomnieuse et demander le versement de dommages-intĂ©rĂȘts.

Si l'information judiciaire est ouverte, le plaignant devient partie civile.

Indemnisation

Si l'auteur des faits est jugĂ© en fin de procĂ©dure, la partie civile peut lui demander l'indemnisation de son prĂ©judice Ă  l'aide de dommages-intĂ©rĂȘts.

Suivi de l'enquĂȘte

La partie civile a accĂšs au dossier et peut ĂȘtre assistĂ©e d'un avocat, notamment lorsqu'elle est entendue par le juge.

Elle peut demander des actes d'enquĂȘtes au juge : l'audition d'un tĂ©moin, une expertise, une confrontation ...

La partie civile reçoit les décisions prises par le juge d'instruction.

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